Grossesse et tabac – Vos questions.

Environ 30% des femmes fument en début de grossesse, et seul un tiers d’entre elles souhaite arrêter de fumer. Environ une femme sur cinq demeure fumeuse à l’accouchement… Et pourtant, avant la grossesse, quasiment toutes les femmes fumeuses envisagent leur grossesse sans tabac.

Suite à de nombreuses questions qui me sont posées sur le tabagisme pendant la grossesse, je réponds ici à vos principales interrogations.

1. Fumer peut-il engendrer des troubles de la fertilité ?

OUI. Le tabagisme a une incidence sur la fertilité, chez l’homme comme chez la femme.

Chez l’homme elle se traduit par exemple par une atteinte du sperme (troubles de la mobilité, de la vitalité et/ou de la morphologie des spermatozoïde) ou par une impuissance.

Chez la femme, elle peut se traduire par exemples par des cycles irréguliers et courts, une diminution du nombre d’ovocytes et des troubles hormonaux et un ovule de moins bonne qualité. On constate également une augmentation du risque de grossesse extra-utérines et d’avortements spontanés.

La bonne nouvelle c’est que ces troubles (s’ils sont réellement liés au tabagisme) sont réversibles ! La solution : arrêter de fumer.

2. Tomber enceinte fait-il arrêter de fumer?

NON. Même si de nombreuses femmes n’envisagent pas de fumer pendant leur grossesse, beaucoup continuent pendant la grossesse. Une femme sur cinq est toujours fumeuse au moment de son accouchement.

Protéger son bébé à naître est une motivation nécessaire pour arrêter de fumer, mais elle n’est pas toujours suffisante pour y parvenir. Aussi, je conseille aux femmes qui souhaitent avoir un enfant de prendre un peu d’avance pour leur sevrage et de faire un point sur leurs motivations et leurs outils pour y arriver.

3. Est-ce que le fait de fumer a des conséquences réellement néfastes sur le développement du bébé ?

OUI.  Le monoxyde de carbone contenu dans la fumée de cigarette est nocif pour la femme enceinte et pour son bébé. Fumer pendant la grossesse augmente par exemple le risque d’intoxication, de malformations, de tumeur cérébrale, d’accouchement prématuré. Le tabagisme induit souvent un petit poids de naissance, un retard de croissance et un faible périmètre crânien. Fumer augmente également le risque de mort subite du nourrisson.

Une fois le bébé né, il y a risque accru de contracter davantage d’infections respiratoires et d’otites, de présenter des troubles de l’audition, mais également des troubles mentaux (dépendances, états dépressifs, violences…).

4. Est-il vrai qu’il vaut mieux continuer à fumer pendant la grossesse car tenter d’arrêter serait trop stressant pour soi et le bébé ?

NON. La cigarette est généralement vécue comme un anti-stress par les femmes enceintes, mais c’est surtout le manque de nicotine qui induit le stress.  Celui-ci est bien plus facile à gérer que les conséquences du tabagisme sur la grossesse. Par ailleurs, le sevrage tabagique de la femme enceinte se passe majoritairement bien, surtout si elle s’entoure de professionnels (médecins, sage-femmes, psychologues, tabacologue…) pour arrêter de fumer.

5. Peut-on fumer sans conséquences une à deux cigarettes par jour pendant la grossesse ?

NON. L’intoxication reste souvent la même qu’avant la diminution du nombre de cigarettes, car la fumeuse inhale alors beaucoup plus profondément chaque bouffée de cigarette (notamment pour obtenir la même dose de nicotine qu’auparavant). Fumer, quelque soit le nombre de cigarettes par jour, reste nocif pour la santé de la maman et de son bébé. L’idéal est bien sûr d’arrêter de fumer avant la grossesse. Si cela n’a pas pu se faire, l’arrêt sera toujours bénéfique à n’importe quel moment de la grossesse, que ce soit pour la future maman comme pour le fœtus.

6. Les substituts nicotiniques (patchs, gommes, comprimés à sucer, inhaleur) sont-ils dangereux pour les femmes enceintes ?

NON. Les substituts nicotiniques sont autorisés pour les femmes enceintes depuis 1997, et sont remboursés à hauteur de 150€ pendant la grossesse. Même si la nicotine passe la barrière placentaire et s’accumule dans le liquide amniotique, fumer est bien plus dangereux que de prendre des substituts nicotiniques car fumer induit l’absorption de monoxyde de carbone et d’autres particules toxiques pour le foetus. Cependant, la Haute Autorité de Santé conseille aux femmes enceintes fumeuses de suivre en priorité une Thérapie Comportementale et Cognitive (TCC) et de prendre les substituts nicotiniques en seconde intention (si la prise en charge en TCC n’a pas fonctionnée).

7. Ne vaut-il pas mieux s’abstenir d’allaiter son bébé lorsqu’on est fumeuse ?

NON. Même si idéalement, il vaut mieux ne pas fumer quand on allaite son bébé (car la nicotine passe dans le lait maternel et sa concentration dépend du nombre de cigarettes fumées), l’allaitement reste très bénéfique pour l’enfant même si sa mère fume. Quelques conseils cependant : ne fumez pas en présence de l’enfant et fumez après la tétée mais pas dans l’heure qui la précède. Pour plus d’informations, renseignez-vous auprès de votre sage-femme.

Je rappelle que la femme enceinte doit se protéger le plus possible de la fumée car le tabagisme passif a également un impact négatif sur la grossesse. Les deux futurs parents devraient donc idéalement être accompagnés pour s’arrêter de fumer !

Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à me contacter par email (m.moulun.isun@gmail.com), ou à contacter Tabac Info Service au 3989.